Philanews 03 2021

15 14 Madame la Ministre Petra De Sutter : « Quand nous étions enfants - dans les années 70 donc - tout le monde collectionnait les timbres-poste. Nous les échangions dans la cour de l’école. Je me suis vraiment mise à les collectionner à mes 12 ans, lorsque j’ai reçu un carnet appartenant à mon grand-père. Je ne l’ai jamais connu, car il est décédé avant ma naissance. Ce carnet contenait la collection d’anciens timbres-poste datant d’avant 1900 qu’il avait constituée. Il recelait de splendides feuillets. Une émission en particulier m’a toujours fascinée : des timbres-poste du Cap de Bonne-Espérance en Afrique du Sud, datant de 1853. Je n’avais encore jamais vu un tel timbre-poste au format triangulaire. Entretemps, je sais que de très nombreux timbres arborent cette forme. » « Ma tante qui travaillait à la poste m’a longtemps acheté tous les timbres-poste qui étaient émis en Belgique. Jusqu’à ce que j’atteigne l’âge de 25 ans environ, époque à laquelle elle a estimé que cela suffisait comme ça (rire). J’ai alors continué à acheter moi-même toutes les émissions belges. Mais ma collection ne comprend pas uniquement des timbres-poste nationaux. Je voue aussi une passion à l’histoire et aux anecdotes se rapportant aux timbres-poste étran- gers. Ma collection inclut des pièces en provenance de la plupart des pays. » Où trouvez-vous des informations ? « Le catalogue que j’utilise date de 1944 (rire). Je l’ai trouvé dans une bouquinerie et j’y puise toutes les informations dont j’ai besoin sur ma collection de timbres-poste anciens datant d’avant 1900. J’ai aussi acheté l’intégralité du catalogue Yvert et Tellier, qui se compose de 10 tomes. Ce sont des documents qu’on n’a pas tou- jours sous la main. On trouve heureusement aujourd’hui beaucoup d’informations en ligne aussi. Grâce à des applications spéciales, on peut scanner soi-même des timbres-poste pour savoir d’où ils viennent et de quand ils datent. J’ai longtemps possédé des timbres- poste dont je ne connaissais pas la provenance, étant donné qu’ils comportaient des textes en arabe ou cyrillique. Grâce à ces apps, j’ai pu retrouver leur pays d’origine. » Une astuce intéressante ! En tant que ministre, avez-vous encore le temps d’étoffer votre collection ? « J’ai délaissé ma collection pendant de nombreuses années par manque de temps. Le temps et les intérêts vont et viennent. Mais maintenant que je suis ministre et que je suis très impliquée dans bpost, la flamme s’est ravivée. Comme vous pourrez le voir sur mes médias sociaux, je poste régulièrement quelque chose sur de nouveaux timbres-poste. Il y a quelques mois, j’ai réalisé une petite vidéo par rapport au timbre-poste dédié au harcèlement, parce que c’est un message essentiel. L’engagement sociétal induit par un tel timbre-poste demeure important. » « J’ai par contre beaucoup trop peu de temps pour peaufiner ma collection comme il se doit. Mais je continue à feuilleter le cata- logue lors de mes moments libres, à la recherche de timbres-poste que je ne connais pas encore. J’en recherche alors l’histoire. Je suis en train d’étendre ma collection consacrée à la France, mais déni- cher les plus anciens exemplaires n’est pas toujours facile. Les mon- tants à débourser pour se les procurer sont souvent considérables. Quel est votre pays préféré en tant que collectionneuse ? « L’un des premiers pays qui m’a marqué était la Bosnie-Herzégovine. J’ai trouvé beaucoup de timbres-poste de là-bas dans le carnet de mon grand-père. L’histoire de ce pays et de cette région m’intéresse en outre énormément. Entre les deux guerres, le pays était à peu près indépendant. Après la Seconde Guerre mondiale, la Bosnie- Herzégovine a été intégrée à la Yougoslavie. Lorsque la guerre civile a fait voler ce pays en éclats pour devenir le Monténégro, la Serbie, la Bosnie-Herzégovine..., je reconnaissais tous ces ‘nouveaux’ pays en examinant mes anciens timbres-poste. Outre les Balkans, j’ai également un faible pour les États baltes. Quelle est la pièce maîtresse de votre collection ? « J’ai trouvé une série Orval coûteuse via une vente aux enchères. Un timbre du Cardinal Mercier constitue aussi l’un des joyaux de ma collection. Je l’ai acheté assez récemment. Il ne pouvait pas man- quer dans ma collection parce que ce sont les seuls timbres belges de valeur que je n’avais pas encore. Ce sont tous des timbres-poste précieux, mais la série qui me tient le plus à cœur est celle de la Bosnie-Herzégovine de 1906 avec des paysages. Cela me renvoie à l’époque de mon grand-père. » « Chaque timbre-poste est tout aussi important à mes yeux. Je serais incapable d’en jeter un seul. Ils ont tous une certaine valeur. Je garde même des doubles dans une boîte dans une armoire. J’en suis quand même entretemps à quelque 30 albums, j’en ai toute une armoire pleine. » PETRA DE SUTTER La ministre des Entreprises publiques, en charge de bpost, est aussi philatéliste. Il semble donc qu’on ait là la bonne personne à la bonne place. Étant donné que son grand-père et sa tante travaillaient pour La Poste, Petra De Sutter a grandi au milieu des timbres-poste. Résultat ? Une collection impressionnante qui - malgré un manque de temps - ne cesse de s’agrandir. « Collectionner me remémore l’époque de mon grand-père. » LA COLLECTIONNEUSE © Dries Luyten

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