Philanews 2022 N°3

8 ÉMISSION DE TIMBRES-POSTE LIMITÉS 15 DIERIC BOUTS Louvain, ville dans laquelle vécut Bouts, joue un rôle crucial dans son travail. L’historien de l’art Peter Carpreau, directeur du département Art ancien du musée M Leuven, nous en dit plus à ce sujet : « Au XVe siècle, Louvain était une cité de dévotion moderne, une ville universitaire, un foyer d’humanisme précoce, caractérisée par une société bourgeoise. C’est pourquoi il a transposé entre autres des scènes religieuses telles que ‘La Dernière Cène’ dans des décors bourgeois. Cela lui permettait de donner aux gens admirant ses tableaux, souvent des patriciens louvanistes, l’impression de s’y reconnaître. » ‘La Dernière Cène’ est une des premières manifestations de l’utilisation cohérente de la perspective au nord des Alpes. C’était très novateur pour l’époque. « Bouts procédait de façon réellement géométrique, alors que Van Eyck laissait plutôt libre cours à son intuition. On le distingue clairement grâce au calque comprenant les lignes de perspective, qu'on peut superposer au feuillet. Après avoir pu admirer ce tableau, tout le monde a voulu recourir à la perspective. L’utilisation de la perspective a radicalement modifié l’art occidental et en a fait quelque chose d'unique ». En concertation avec bpost, Peter Carpreau a retenu des joyaux qu’on doit sans équivoque à Bouts et qui sont en outre visibles en Belgique. Il s’agit d'un mélange de tableaux de différentes tailles et finalités. Celui qui s’arroge la plus grande partie de l’émission est ‘La Dernière Cène’, le chef-d'œuvre absolu de Dieric Bouts, qu’on peut admirer dans l’église Saint-Pierre de Louvain. Le timbre-poste en bas à gauche est une reproduction du ‘Christ couronné d’épines’, panneau dévotionnel que les gens utilisaient chez eux pour leur dévotion personnelle. À côté, on trouve un fragment de ‘La justice de l’Empereur Otton : l’épreuve de feu’, un exemple d’art judiciaire. C’est l’un des rares panneaux flamands du XVe siècle consacré à la justice. Le timbreposte carré montre le martyre de Saint Hippolyte. Le recours à la perspective symbolique y est intéressant : Bouts a créé un cercle imaginaire autour d’Hippolyte et l’a représenté plus grand que les autres personnages du panneau. Le timbre-poste de droite illustre une autre scène de martyre : ‘Le martyre de Saint Érasme’. C’est le graphiste de bpost Kris Maes qui a été chargé de fondre les créations de ce maître primitif en une composition équilibrée. « Pour donner l’impression d’un retable, nous avons découpé les deux panneaux latéraux de façon à pouvoir les plier comme on le ferait avec un vrai triptyque. » Kris Maes a également recherché une façon d'intégrer les lignes de perspective dans l’émission. « J’avais d’abord l’intention de tracer les lignes de perspective sur le timbre-poste, mais cela n’aurait pas permis de distinguer clairement la peinture. Le calque s’est révélé la solution idéale. » Notez déjà ces dates dans votre agenda : à partir du 20 octobre 2023 jusqu’en janvier 2024, le musée M Leuven consacrera une grande exposition rétrospective à Dieric Bouts. Cette exposition promet de jeter un regard surprenant et plus moderne sur le maître ancien. Pour plus d'information : www.mleuven.be Dieric Bouts, maître de la perspective L’œuvre que nous a laissée Dieric Bouts a beau être modeste en termes de quantité, elle n’en reste pas moins impressionnante. bpost a sélectionné pour cette émission des chefs-d'œuvre absolus de ce maître de la peinture des Pays-Bas anciens.

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